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International audience ; La fonction de l'humour n'est pas de restaurer le statu quo d'une justice close, ni d'opposer une force à la force, mais plutôt de substituer au triomphe des triomphants le doute et la précarité, de tordre le cou à l'éloquence et à la bonne conscience bourgeoise des vainqueurs. Vladimir Jankélévitch1 l 'humour juif témoigne d'une exigeante lucidité : face aux régi-mes qui se vantent d'avoir mené l'histoire vers son accomplissement, il met en question les certitudes sans cesse proclamées. Il encourage un regard déshabitué, afin que l'homme dégrisé perçoive la vanité du pouvoir, de la richesse, de l'arrogance, de certaines convenances et de la hiérarchie sociale. L'humour juif nous révèle combien notre monde est factice et nous aide à en démystifier la fausse sécurité. L'humour n'existe que là où il peut être échangé, où il s'accompagne d'un clin d'oeil complice, d'un sourire à peine appuyé, d'un silence de connivence. « Et selon les cas, il vous glace ou il vous ravit, il vous comble ou il vous transperce. C'est qu'il est tout miel et tout fiel, les deux, il rit et il pleure, il console et il rend des coups »2. La présente étude comporte des limites dont nous sommes pleinement conscient. L'humour est souvent une parole en acte, qui s'exprime dans des circonstances particulières, selon un code social bien défini. Il répond alors à une attente, et s'accompagne de mimiques et de gestes qui prolongent le dire. La langue des Juifs européens, le jiddich de l'ouest et celui de l'est, tout comme les emprunts aux parlers des sociétés d'accueil, lui donnent sa tonalité propre, sa petite musique. La dimension « politique » de l'humour juif résulte de sa volonté de miner le réel et de promouvoir une présence décalée au monde. Elle s'exprime dans la dénonciation de l'absurdité de la guerre et de sa folie meurtrière, tout comme dans la critique de la violence ordinaire. Cet humour a également « un rôle social » dans la mesure où il crève d'un coup d'épingle la boursouflure du paraître, en se gaussant ...

"Denn sie glauben, dass sie sind, was sie sind…" Ein wenig Humor gegen den Hochmut der Macht

Gegenüber den Staatsformen, die sich damit rühmen, zur Erfüllung der Geschichte beigetragen zu haben, stellt der jüdische Humor die ständig proklamierten Sicherheiten in Frage. Er ermutigt zu einem neuen, desillusionierten Blick, damit der ernüchterte Mensch die Eitelkeit der Macht, des Reichtums, der Arroganz, bestimmter gesellschaftlicher Konventionen und sozialer Hierarchien sehen kann. Dieser Humor hat eine "politische" Dimension, da er die Absurdität des Krieges und dessen mörderische Tötungswut anprangert und auch die gewöhnliche Gewalt kritisiert. Er hat ebenfalls eine "soziale" Rolle, da er sich über den Neureichen lustig macht und demjenigen, der nicht am Erfolgsrennen teilhaben will und sich von dem Spiel aus Produktivität und Wirtschaftlichkeit fernhält, seine Würde wiedergibt. Er verrät auch die materielle Motivation hinter bestimmten sozialen Konventionen, wie die Ehe. Schließlich drückt er auch einen gewissen "religiösen" Skeptizismus aus, indem er gern auf die Ungeordnetheit der Schöpfung aufmerksam macht und zeigt, dass ihre Verheißungen kaum eingehalten wurde.

La vie et l'écriture d'Edmond Jabès se caractérisent par l'arrachement et l'assignation à l'errance. Son départ en 1957 d'Égypte où il est né et son exil en France, dont il partage la langue et la culture mais où il se sent un étranger, réactivent les souvenirs de la Shoah encore proche à cette époque. L'expérience de l'écriture est elle-même une mise à distance qui redouble paradoxalement cet exil là où elle cherche à en combler le vide.

C'est à Strasbourg, à la fin de la Première Guerre mondiale, que se précisent les exigences méthodologiques qui seront le soubassement de toute l'entreprise historique de Marc Bloch. Il devient l'artisan d'une nouvelle épistémologie, le «décloisonnement des disciplines». Il se réclame de l'interprétation de Fustel de Coulanges fondée sur la psychologie sociale et la sociologie. Dans Les Rois Thaumaturges,
que les Presses de l'Université de Strasbourg publient en 1924, Marc Bloch étudie la naissance et l'affirmation, sur une longue durée, d'une représentation mentale et d'un rituel qui s'imposent à la fois en France et en Angleterre. Dans une démarche novatrice, il s'efforce de découvrir le travail de l'imaginaire et les attitudes mentales des acteurs sociaux du passé.